Un étudiant en droit à Bordeaux s’est offert une part d’immeuble à Marseille pour moins cher qu’un aller-retour en train vers Arcachon. Illusion d’optique ou vraie secousse sur la planète pierre ? Bricks, plateforme d’investissement immobilier fractionné, met la brique à portée de clic et promet de réinventer l’accès à la propriété morceau par morceau.
Alors que les taux d’emprunt s’envolent et que l’immobilier classique devient un Everest pour beaucoup, une nouvelle envie germe : toucher des loyers sans même sortir de son salon. Mais la promesse tient-elle le choc ? Entre enthousiasme affiché et doutes sur la rentabilité réelle, la discussion s’enflamme.
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Immobilier fractionné : comprendre le modèle Bricks
Le modèle Bricks s’inscrit dans la même veine que le crowdfunding immobilier, à ceci près que l’on peut acheter un fragment de bien dès 10 euros. L’accès est immédiat : pas besoin de banquier, pas d’interminables dossiers à monter. Chaque euro investi est mutualisé par Bricks, puis injecté dans une SPV (Special Purpose Vehicle), structure qui détient réellement le bien. À la clé : des obligations remises à l’investisseur, qui voit alors sa rentabilité indexée directement sur la performance locative.
Ce fonctionnement tranche avec celui des SCPI classiques, misant sur une transparence accrue et un suivi affûté des flux financiers. La gestion courante, tout comme la distribution des loyers, est orchestrée par Bricks et ses partenaires comme Capsens pour la technique, Lemonway pour les paiements. Côté rendement, les chiffres avancés oscillent la plupart du temps entre 7 et 10 % bruts, loin devant le livret A et consorts. Pourtant, la réalité ne se laisse pas dompter aussi facilement :
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- Le marché secondaire reste balbutiant, freinant la revente rapide des titres.
- Le cadre réglementaire se muscle : Bricks a décroché en 2023 l’agrément PSFP auprès de l’AMF (autorité des marchés financiers), se pliant ainsi aux standards européens du financement participatif immobilier.
La France s’érige ainsi en laboratoire du fractionnement immobilier, entre simplicité affichée et nécessité d’une prudence aiguisée face à la structuration juridique et aux risques sous-jacents.
Bricks est-elle une solution adaptée à tous les investisseurs ?
La promesse de l’immobilier fractionné séduit : investir dans la pierre sans casser sa tirelire, c’est tentant. Bricks rabat les cartes en abaissant le ticket d’entrée, mais ne fait pas disparaître les spécificités — ni les risques — du placement.
La plateforme s’adresse avant tout à celles et ceux qui cherchent à diversifier leur patrimoine, en ayant bien conscience des risques de perte en capital. La question de la liquidité, souvent citée comme talon d’Achille, dépend du marché secondaire interne à Bricks : la revente des parts peut prendre du temps, rien n’est garanti.
- Profil averti : investisseur rodé au crowdfunding immobilier, qui connaît les cycles longs et n’a pas peur d’un ticket d’entrée modeste.
- Profil modéré : épargnant qui veut compléter son portefeuille, sans mettre tous ses œufs dans le même panier immobilier.
D’autres plateformes s’invitent sur le terrain : La Première Brique, Baltis, Monego… chacune avec ses méthodes, ses rendements, parfois même en gestion extinctive lorsque le secteur se grippe. Le choix du projet, la transparence des frais et la qualité du pilotage sont des points à scruter de près. Ce mode d’investissement convient donc à celles et ceux prêts à accepter une part d’incertitude, avec en échange la perspective d’un rendement supérieur à la moyenne.
Promesses de rentabilité et réalité des performances observées
Chez Bricks, la promesse est claire : proposer un rendement supérieur à l’immobilier locatif traditionnel. Des taux annoncés entre 10 % et 12 % annuels bruts, qui font tourner bien des têtes. Mais la réalité, elle, se montre plus nuancée.
Les chiffres publiés par la plateforme montrent des rendements contrastés. Si certains projets affichent, une fois les frais et imprévus déduits, des performances nettes à moins de 7 %, d’autres tirent leur épingle du jeu et dépassent les 10 %. Le modèle Bricks prélève des frais allant jusqu’à 10 % à l’entrée, auxquels s’ajoutent des frais de gestion annuels.
- Frais d’entrée : jusqu’à 10 % sur chaque investissement
- Frais de gestion : variables, rognant d’autant la performance finale
- Rendements observés : de 6 % à 12 % selon les opérations
Le marché secondaire, censé fluidifier la sortie, reste peu profond. Certains investisseurs peinent à revendre sans accorder de rabais. La performance réelle dépend ainsi d’un subtil équilibre : rendement affiché, risques pris, choix des projets, santé du marché local. Pour rassurer, Bricks s’appuie sur des visages connus comme Tony Parker ou Cédric O’Neill. Mais l’histoire ne fait que commencer, et la vigilance reste le meilleur allié des investisseurs.
Ce que disent vraiment les avis d’utilisateurs sur Bricks
Les témoignages glanés sur le web dressent un tableau nuancé du crowdfunding immobilier façon Bricks. Sur Trustpilot, la note flotte entre 3,6 et 4,2 sur 5. Google, lui aussi, recense une majorité d’avis favorables, mais la satisfaction n’est jamais unanime.
Parmi les points forts salués :
- Un ticket d’entrée imbattable : 10 euros suffisent pour s’initier à l’investissement immobilier fractionné
- Une interface limpide et des indicateurs de performance compréhensibles
- Un suivi régulier des projets, avec des rapports détaillés à la clé
Mais plusieurs critiques reviennent :
- La liquidité du marché secondaire, trop souvent jugée insuffisante pour revendre rapidement ses titres
- Des délais de retrait parfois longs, surtout lors de la cession de bricks
- Des questions persistantes sur la transparence des frais et la gestion locative
Certains déplorent aussi des échanges laborieux avec le support en cas de souci. D’autres, plus prudents, rappellent le manque de recul sur la pérennité du modèle et soulignent que la perte en capital fait partie du jeu, comme pour tout investissement participatif.
Les têtes d’affiche, Tony Parker et Cédric O’Neill, rassurent une partie des investisseurs. Mais la confiance, elle, ne se décrète pas : elle se construit projet après projet, au fil des performances et de la gestion des imprévus. Bricks a lancé les dés ; la partie, elle, ne fait que commencer.